Vincennes, le 24 janvier 2020
COMMUNIQUE DE PRESSE

Amiante : la vindicte d’Eternit poussée jusqu’à l’absurde  

 

Lundi 27 janvier, quatre syndicalistes CGT, tous anciens salariés des usines Eternit de Vitry et Thiant, se retrouveront une fois de plus devant le tribunal de Grande Instance de Versailles. La nouvelle représentation de cette farce judiciaire qui dure depuis trop longtemps sera-t-elle la dernière ? On l’espère, autant pour les accusés que pour l’image déplorable qu’elle donne d’une justice toujours incapable de juger les vrais responsables du scandale de l’amiante.

Samuel Theret, Frédéric Bois et Sébastien Forat étaient basés à l’usine de Vitry en Charollais, Ils sont accusés d’avoir provoqués quelques menus dégâts – on parle de quelques pots de fleurs légèrement égratignés et d’un peu de terre renversée sur la moquette – lors du rassemblement de plusieurs dizaines de salariés d’Eternit Vitry devant le siège de la société à Vermouillet (78) en février 2011.

Ils étaient venus protester contre l’ouverture à Vitry-en-Charollais d’une décharge destinée à devenir un dépotoir national de déchets d’amiante, ainsi que du licenciement d’un syndicaliste trop combatif. Si certains sont bien entrés dans les locaux, personne n’a pu les identifier avec certitude, les salariés du siège présents dans les locaux ne les connaissant pas ! Un sommet dans l’absurde a même été atteint lorsque Jean-François Brode, le président du Caper Bourgogne (association défendant les victimes de l’amiante), s’est retrouvé sur le banc des accusés alors même qu’un journaliste présent ce jour-là avait témoigné être resté en sa compagnie à l’extérieur du bâtiment pendant toute la durée du rassemblement.

Le quatrième mis en examen du jour, Michael Leclerc, est un ancien de l’usine de Thiant. Il était venu soutenir ses camarades de Vitry. On dira qu’il n’a pas fait le voyage pour rien puisque lui aussi s’est retrouvé mis en examen au prétexte qu’un doute subsiste sur le fait qu’il soit entré dans les locaux.

On le sait, avec Eternit, on n’est jamais déçu. Il n’y a aucune limite à l’arrogance de cette entreprise, responsable d’un crime industriel qui a endeuillé des centaines de familles ouvrières. Condamnée à de multiples reprises pour faute inexcusable de l’employeur, Eternit (dénommée aujourd’hui ECCF) avait demandé à la cour d’appel administrative de Versailles que le prix de ses fautes lui soit remboursé par l’État. Mais voir la justice se prêter à ce jeu détestable sur des présomptions on ne peut plus faibles défie l’entendement.

C’est pourquoi, bientôt neuf ans après les faits, on attend d’elle qu’elle restaure un peu de son honneur en mettant un terme définitif à cette mauvaise plaisanterie.