Le docteur Tarres suit les victimes de l’usine Uralita à Cerdanyola (dans la banlieue de Barcelone) depuis plus de 40 ans.
Il a présenté une étude épidémiologique aux associations réunies le 5 octobre. Le nombre de mésothéliomes continue à augmenter. Le pic n’a pas encore été atteint. 40% des cas sont d’origine environnementale. Leur nombre augmente plus vite que celui des victimes professionnelles. Allons-nous vers une deuxième épidémie de mésothéliomes ? La question doit être posée.
L’usine de Cerdanyola recevait 230 000 tonnes (= 910 000 mètres cubes) d’amiante par an.
L’étude du Dr Tarres porte sur 1131 patients ayant une pathologie liée à l’amiante diagnostiquée entre 1976 et 2016. Les critères d’inclusion sont stricts. Les cas douteux ont été systématiquement écartés.
La durée moyenne d’exposition est de 22 ans (40 jours pour la plus courte, 90 ans pour la plus longue).
Le temps de latence moyen entre début de l’exposition et apparition de la maladie est de 45 ans (8 ans pour le plus court, 90 ans pour le plus long).
77,4 % des patients ont des maladies chroniques et 22,6% des cancers.
Sur 256 cancers on dénombre :
196 mésothéliomes pleuraux,
17 mésothéliomes péritonéaux,
42 cancers du poumon,
1 cancer du larynx.
[Le nombre de cancers du poumon est sans doute sous-estimé].
Deux tiers des maladies liées à l’amiante sont d’origine professionnelle, un tiers d’origine environnementale (proximité d’une usine d’amiante, habitation sous le même toit qu’un travailleur de l’amiante).
La distribution géographique des cas d’origine environnementale montre l’importance de la direction et de la force des vents dominants et celle de la distance à l’usine.
111 cas à moins de 500 m,
34 entre 500 et 1000 m,
15 entre 1000 et 1500 m,
7 entre 1500 et 2000 m.
28 à plus de 2000 m.
40% des cas de mésothéliome sont d’origine environnementale. (22,5% d’expositions de voisinage, 17,8% d’expositions intrafamiliales).
La part d’expositions environnementales est plus élevée pour cette pathologie que pour l’ensemble des maladies.
Le nombre de mésothéliomes d’origine environnementale a doublé au cours des quinze dernières années (voir le graphique ci-dessus réalisé d’après le diaporama présenté le 5 octobre dernier).
La dynamique est différente pour les mésothéliomes d’origine professionnelle : après une très forte progression entre 1995 et 2000, leur croissance s’est ralentie entre 2000 et 2015.
Ce qui a conduit le Pr Tarres à conclure son exposé par une question inquiétante : « Sommes-nous à la veille d’une deuxième épidémie de mésothéliomes ? »