Conditions de travail difficiles, dangereuses, injustes, pressions, violences, harcèlements, contrats précaires, management brutal, chantage à l’emploi ?   Problèmes de santé suite à un accident du travail, dépression, troubles musculo-squelettiques, inaptitude, burn out liés au travail…  Comment s’en sortir ?  Comment démêler les situations de travail inextricables où l’employeur a tout pouvoir ? Quelles actions personnelles et collectives envisager ? C’est dans ce but que s’est créée la permanence « conditions de travail et santé » qui se tient à la Bourse du Travail à Paris. Cette permanence est gratuite et anonyme.

C’est dans le sillage du mouvement Nuit debout et des États généraux de la santé au travail en 2017 que s’est créée la permanence d’’accueil pluridisciplinaire pour les salariés et les fonctionnaires, les syndicalistes confrontés à des conditions de travail difficiles, très détériorées, violentes, avec un management brutal qui engendrent des problèmes de santé, accidents du travail et maladies liées au travail…

Les personnes qui viennent à cette permanence sont majoritairement des femmes, principalement des non-syndiqués ; ce sont des salariés et fonctionnaires venant de petites comme de grandes entreprises, de toutes catégories professionnelles et sont souvent en arrêt de travail prolongé.

Chaque permanence suit des règles maintenant bien établies.

Tout d’abord, un accueil préalable permet de collecter les premières informations sur le visiteur, puis celui-ci est orienté vers un binôme, parfois un trinôme, constitué d’un médecin (généralement issu de l’association Ramazzini) qui travaille en étroite collaboration avec l’Andeva, inspecteur du travail, juriste/avocat, militant syndical ou associatif.

Ce 10 novembre 2023, sept personnes se présentent avec des cas très différents mais souvent liés à des affaires de harcèlement, même si l’on préfère parler ici de « comportements hostiles répétés ».

Monsieur C., salarié de la Sécurité sociale, en mi-temps thérapeutique depuis 18 mois, est en pleine procédure prudhomale suite à une campagne de harcèlement moral. Il est venu ici chercher conseil pour sortir d’une situation inextricable qui le voit obligé de faire appel devant son propre employeur pour contester le refus de sa reconnaissance en maladie professionnelle.

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A la table voisine, on aborde le cas de Madame H., femme de ménage municipale en arrêt pour dépression après une évaluation très négative recommandant son renvoi. L’affaire est plus complexe qu’il n’y parait : cette évaluation, en totale contradiction avec les précédentes, a été faite par l’une de ses anciennes collègues, promue à la va-vite et sans références ni compétences reconnues suite à la mise en retrait du responsable de service. Cela sent le règlement de comptes.

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Les cas se succèdent et les animateurs jouent aux chaises musicales pour tenter de répondre à toutes les demandes.

Madame N., une infirmière agressée dans son hôpital, explique ses difficultés à faire reconnaître l’accident par son employeur. Elle est en procédure depuis février et semble très affectée. Ses larmes coulent tout au long de l’entretien mené par Marie de l’association Ramazzini et Yves, ancien inspecteur du travail.

Puis c’est Madame V., employée dans les ressources humaines, qui vient confier ses difficultés avec sa supérieure face à Jacques et Thérèse, médecins, accompagnés d’Hélène de l’Andeva, de Joseph et Cordelia, juristes du cabinet TTLA.

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Une fois la permanence achevée et les visiteurs partis, les animateurs se livrent à un débriefing de tous les cas traités ce jour-là et des solutions proposées. Sans oublier les conclusions générales à en tirer. Car au-delà du soutien aux individus, l’objectif est de créer un espace d’échanges pour les équipes syndicales, les collectifs de salariés, les professionnels de santé au travail, afin d’aider à réfléchir et à résister collectivement à la dégradation des conditions de travail.

La permanence se tient de 17 h à 19 h 30, le 1er vendredi et 3ème lundi du mois, au 3, rue du Chateau d’eau, Paris 10 (métro République). permanenceconditionsdetravail.org


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°72 (janvier 2024)