Des milliers de tonnes de terre et de gravats, parfois souillés d’amiante, ont été récupérés sur des chantiers du BTP et déversés sur des terres agricoles pendant des années.  L’enquête des gendarmes de l’OCLAESP a mis à jour « un système de trafic de déchets en bande organisée impliquant des promoteurs immobiliers, des entreprises de terrassement et de transports ainsi que des agriculteurs et propriétaires fonciers ». Six personnes ont été mises en examen le 13 octobre, dont le maire de Vaugneray.

Ce trafic avait pris les dimensions d’une véritable industrie.

L’équivalent de 72 piscines olympiques !

« Les investigations ont mis en évidence le déversement depuis l’année 2020 de 180.000 mètres cubes de déchets provenant d’importants chantiers du bâtiment et des travaux publics dans des décharges illégales », a précisé le Parquet de Lyon à un journaliste du Figaro. 180.000 mètres cubes, soit l’équivalent de 72 piscines olympiques, déversées sur des dizaines d’hectares ! 

Dépôts illégaux autorisés par la mairie

Le maire de Vaugneray avait autorisé des agriculteurs de sa commune à recevoir de grandes quantités de déblais du BTP sur leurs parcelles, sans aucun lien avec leur activité agricole.

Il ne pouvait ignorer que ce trafic était illégal. Il y avait déjà eu des plaintes de riverains exaspérés par le défilé des camions de déchets. Une association de défense de l’environnement avait alerté les pouvoirs publics. Un agriculteur avait été condamné en première instance puis en appel par la justice administrative. En 2021, sur demande du préfet, un tribunal avait annulé une autorisation de travaux accordée à un agriculteur au mépris du Plan local d’urbanisme (PLU).

Pourquoi ce trafic a-t-il perduré ?

La réponse est simple : il est beaucoup moins coûteux de contourner la réglementation sur le retraitement des déchets du BTP que de la respecter.

« L’évacuation de la terre excavée par des travaux vers des structures agréées et contrôlées coûte 250 euros par trajet. Le dépôt illégal chez des agriculteurs est facturé 60 euros », dit Maurice Fisch, co-président de l’association Sauvegarde des coteaux du Lyonnais (SCL). Son association a porté plainte contre le maire.

Un saccage de l’environnement

Il souligne que des déchets de chantier peuvent contenir toutes sortes de produits toxiques et notamment de l’amiante.

Il dénonce aussi les conséquences négatives de l’artificialisation des sols et les menaces sur la biodiversité.

Six personnes dont le maire de Vaugneray ont été mises en examen le 13 octobre, suite à l’enquête des gendarmes de l’OCLAESP. 

Le maire est poursuivi pour prise illégale d’intérêts par un élu public.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°72 (janvier 2024)