Les luttes sur les cancers du travail montent en puissance. Cette actualité a été si chargée ces derniers mois qu’elle a donné à ce Bulletin de l’Andeva l’allure d’un numéro « spécial cancers pros. »

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Dans un rapport de juin 2021, une commission parlementaire évaluait entre 42 000 et 82 000 le nombre annuel de nouveaux cas de de cancers liés au travail. Pour la même année, seulement 1800 ont été reconnus (dont 1200 à 1300 dus à l’amiante et 500 à 600 « hors amiante »). Des chiffres terribles qui montrent à la fois l’ampleur et l’invisibilité sociale de ces maladies (p. 20 à 21)

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De nouveaux tableaux devraient faciliter la reconnaissance de certains cancers :

- Pour les cancers de l’ovaire et du larynx liés à l’amiante, un tableau 30 ter a été créé dans le régime général et un tableau 47 ter dans le régime agricole. On trouvera ici une analyse détaillée de ces nouveaux tableaux (p. 16 à 19)

- L’existence d’un « lien avéré » entre leucémies myéloïdes et formaldéhyde vient d’être confirmée par l’Agence Nationale de sécurité sanitaire (Anses) qui s’est prononcée pour la création d’un tableau (p 21).

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Des actions en justice permettent aux personnes exposées et aux victimes de faire valoir leurs droits :

- Préjudice d’anxiété : Elisabeth Leroux tire un premier bilan des actions menées par des salariés ayant été exposés à des agents CMR « hors amiante » : silice, poussières de bois, formaldéhyde, oxyde d’éthylène, poly-expositions... (p. 6-7).

- Mise en danger de la vie d’autrui : la CGT pompiers a porté plainte contre X, en dénonçant l’insuffisance des mesures de prévention pour protéger les soldats du feu des agents CMR tels que l’amiante, la suie, les fumées... (p. 24)

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Dans ce Bulletin sont présentées deux enquêtes-actions :

- celle du Giscop 93 (Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle en Seine Saint-Denis) qui a fêté ses 20 ans d’existence par un colloque réunissant des chercheurs, des étudiants, des militants associatifs et syndicaux ainsi que des malades (p. 20-21),

- celle du Rispop 29 (dans le Finistère) qui étudie la réalité du suivi médical post-professionnel des personnes exposées aux produits cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) et cherche les moyens de faire progresser ce suivi (p. 22-23)

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Des victimes de l’amiante témoignent :

- Noël, un ancien des chantiers navals atteint d’un mésothéliome revendique le droit d’être informé sur le traitement de son cancer et les institutions qui le prennent en charge (page 2),

- Marie-Josée, une ancienne prof rattrapée par un cancer de l’ovaire, confirme l’urgence de la question de l’amiante dans les écoles (page 19)

Le vécu des victimes des pesticides rejoint celui des victimes de l’amiante :

- Une dizaine d’entre elles, réunies sur le plateau de Mediapart ont délivré des témoigages poignants, avec les mêmes souffrances physiques et morales évitables, la même désinformation des industriels, la même lâcheté des pouvoirs publics... (p. 21)

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L’Union européenne a cédé deux fois aux pressions des lobbys de l’agrochimie :

- Elle a décidé la ré-autorisation pour 10 ans du glyphosate, redoutable cancérogène et reprotoxique. En s’abstenant sur ce vote crucial, la France a choisi de ne pas choisir et de laisser faire.  (p.31).

- La réforme du règlement européen des produits chimiques (REACH), mesure-phare du programme anti-pollution de l’UE, a été retirée sans explication du programme de la Commission européenne pour 2024 (page 30).

En donnant la priorité au profit sur la santé, on prépare des tragédies qui peuvent s’étendre sur plusieurs générations et des dégradations irréversibles du milieu naturel. 


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°72 (janvier 2024)