En septembre 2011, Véronique Fresnel-Robin avait vécu douloureusement le décès de son père d’un mésothéliome. Dix ans après, elle s’était fixée un challenge un peu fou : traverser la Manche en solo. Pour une maman cinquantenaire qui n’avait repris l’entraînement qu’en 2015, après avoir arrêté la natation pendant 28 ans, le challenge était vraiment impressionnant.
Véronique voulait médiatiser l’événement au service d’une grande cause : soutenir la recherche sur le mésothéliome menée au CHU de Lille par l’équipe du Pr Arnaud Scherpereel.
Le 20 septembre 2022, après deux ans d’attente et maintes péripéties, elle a traversé la Manche à la nage en solitaire. Le CHU l’a accompagnée tout au long de son projet.
Elle nous raconte...
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous lancer dans ce projet ?
La traversée était un rêve d’adolescente. En 2015, j’ai appris qu’un sportif de haut niveau faisait chaque jour un triathlon en faveur d’une association et invitait des amateurs à participer avec lui.
Je suis allée nager avec lui et ça été une révélation. J’ai commencé à m’entrainer et je me suis rapprochée de nageurs qui préparaient une traversée de la Manche. J’en ai parlé à mon entraineur de natation. Je voulais faire cette traversée au profit d’une grande cause qui ait du sens et, assez naturellement, l’amiante s’est imposé.
Pourquoi l’amiante ?
Mon père est décédé d’un mésothéliome en septembre 2011. Vers la fin de sa carrière, papa avait travaillé chez Alstom transport sur le projet du TGV Paris-Londres qui s’appelait au départ le TGV « trans-Manche ». J’ai donc créé une association que j’ai appelée « Challenge trans-Manche ».
Comment avez-vous rencontré le professeur Scherpereel ?
J’ai une belle-sœur qui est chercheuse à Gustave Roussy. Je lui ai demandé de me trouver un centre qui faisait de la recherche sur le mésothéliome.
Elle m’a parlé du CHU de Lille. J’ai envoyé un mail au Pr Arnaud Scherpereel où je lui disais que je serais heureuse de pouvoir, par ce projet, contribuer à lever un peu de fonds pour la recherche, ou simplement faire connaitre cette cause au grand public.
Comment a-t-il reçu le projet ?
Il a été enthousiaste. Très vite, la collaboration avec le CHU est devenue une véritable amitié. On se portait mutuellement. Quand j’avais des coups de mou, j’allais les voir et ça me reboostait. Ils m’ont aidée à faire connaitre le projet, par des articles de presse, à communiquer avec des familles de victimes qui m’ont soutenue. J’ai eu beaucoup de messages de personnes touchées par cette maladie et j’ai gardé des liens avec certains. J’ai aussi été contactée par d’autres associations de malades.
Et le 20 septembre 2022, vous avez traversé la Manche...
ça a été 16 heures 43 minutes de pur bonheur. Je n’étais pas du tout stressée ce jour-là. Avec mes accompagnateurs, on était dans le partage et la communication. Il y avait des messages du CHU pendant la traversée. J’ai juste regretté que ma mère qui m’avait soutenue depuis le début ne puisse pas être présente à l’arrivée car j’ai accosté de nuit dans les rochers.
Traverser la Manche...
Partir d’Angleterre dans le noir à 4 h 50 du matin, nager 42 km dans une eau à 18 degrés et arriver à la nuit tombée sur les côtes françaises. La traversée de Véronique a duré 16 heures et 43 minutes.
Le CHU de Lille...
C’est le centre coordonnateur du réseau national NETMESO qui réunit des centres experts composés de cliniciens et d’anatomopathologistes spécialistes du mésothéliome dans les régions.
Article publié dans le Bulletin de l’Andeva n°70 (février 2023)