J'ai travaillé du 22 février 1965 au 31 mai 2004 dans l’entreprise Florimond et Chabardes, située au 56- 60 rue  Denis  Papin à Pantin,  au poste  de tourneur   outilleur puis chef du service Outillage et Maintenance  pendant cinq ans jusqu’à mon départ  à la retraite.

J’étais membre du CE et du CHSCT.

L’atelier où nous avons travaillé, (mais il en y avait d’autres où nous avions à intervenir) est une partie de l’usine. Il occupait une superficie importante, environ 20 m sur 80 m. L’entreprise était composée de 5 ateliers avec en plus le nôtre composé de 100 machines (environ) alignées les unes près des autres.

Nous avions  tous un  métier  de base : les  tourneurs, les fraiseurs, les ajusteurs, les électriciens, l’électronicien, le plombier, les tôliers et quelques manoeuvres, mais nous étions tous polyvalents donc nous nous déplacions dans tous les services lorsqu’il fallait intervenir sur un four ou une autre machine

M. R** et moi étions au service « outillage réparation de machines-outils et maintenance ». Il était technicien d’atelier fraiseur outilleur. Son poste de travail se trouvait environ à 1 m du mien. Il usinait aussi des prototypes. C’est un travail de très grande précision. Il travaillait tout comme  moi  pour  la fabrication de moules,  des outils de  presse, de  pièces d’emboutissage, de prototype de cric pour automobile, et toutes les pièces nécessaires à la réparation. Sur les machines-outils telles que les tours et les fraiseuses, nous usinions tout type d’acier ,entre autres l’acier rapide et le demi-dur. Les outils pour la fraiseuse et les pièces pour le tour tournaient à très grande vitesse. Il y avait sur toutes ces machines un système de freinage qui comportait des sabots type Ferodo.

Je ne savais pas à l’époque que les freins type Ferodo contenaient de l’amiante. Nos  machines respectives étaient équipées d’une  pédale de frein pour arrêter ou ralentir la vitesse. Nous assurions la maintenance  de toutes les machines et le  dépannage dans l’entreprise si besoin. Les machines de l’entreprise étaient soigneusement entretenues pour produire des pièces de calibrage très précis de l’ordre du centième de millimètre. Il y avait de l’amiante dans certains postes sous forme de plaques d’amiante tels les fours de trempe, la tôlerie, etc.

Montées et vissées sur les établis ou en écran par n’importe quel OS ou professionnel du service Outillage et Maintenance. Elles étaient stockées dans un local fermé, tenu par un magasinier d’outillage qui nous fournissait les plaques que  nous devions  usiner dans notre atelier. Nous les découpions, à la scie à main ou au massicot, aux  dimensions nécessaires. Pour la finition on utilisait des limes. Pour le perçage, on utilisait des perceuses industrielles. Lorsque ces plaques étaient trop abîmées, elles étaient  démontées et remplacées par  nos soins et déposées dans une benne  à ordures à l’extérieur de l’usine.

On travaillait sans protection. On ne parlait pas d’amiante à l’époque.


Article publié dans le Bulletin de l’Andeva n°70 (février 2023)