BRESIL
Malgré l’arrêt de la Cour suprême fédérale (STF) interdisant l’amiante en 2017, la SAMA, filiale d’Eternit, continuait à extraire de l’amiante de sa mine de Minaçu pour l’exporter vers l’Asie. En août dernier, le tribunal fédéral d’Uruaçu l’a enjoint de suspendre immédiatement toutes ses activités : extraction, production, vente, exportations.
Par un communiqué laconique du 20 août, la direction d’Eternit, a annoncé que la SAMA stoppait ses activités.
En 2019, la SAMA avait obtenu le vote par l’Etat de Goias d’une loi scélérate autorisant l’extraction d’amiante, à condition que cette production soit destinée à l’exportation et non au marché intérieur ! Comme si la vie d’un Chinois ou d’un Indien avait moins de valeur que celle d’un Brésilien...
La SAMA se référait à cette loi pour bafouer l’interdiction par la Cour suprême.
En mars 2021, l’association des victimes de l’amiante brésilienne (Abrea), a appris que la SAMA préparait un convoi de camions pour transporter des centaines de tonnes de sacs d’amiante depuis la mine de Minaçu (dans l’état de Goiás) jusqu’au port de Santos (dans l’état de Sao Paulo). Elle a alerté la presse et les ministres concernés sur ce transport qui violait ouvertement l’interdiction de la Cour suprême fédérale. Cette action a permis d’obtenir le blocage des sacs sur le lieu de stockage portuaire.
Le 9 juin 2021, un tribunal de São Paulo a condamné la SAMA, sa société mère (Eternit SA) et la société de transport pour avoir enfreint les lois étatiques et fédérales
Le 6 août 2021, le Tribunal fédéral d’Uruaçu (Goias) a statué en urgence suite à une action civile publique intentée par le ministère public fédéral.
Les magistrats ont immédiatement suspendu « les activités d’extraction, d’exploration, transformation, commercialisation, transport et exportation d’amiante chrysotile (un produit cancérigène) par la société Sama SA.»
Le 20 août 2021, un communiqué d’Eternit annonçait officiellement que suite à cette décision de justice la SAMA cessait ses activités.
Une superbe victoire de Fernanda Giannasi et de l’Abrea.
CANADA
Un projet industriel menace la santé publique
Au Canada, après la fermeture des mines d’amiante restent des montagnes de déchets semblables aux terrils laissés par les mines de charbon. Une société veut en extraire du magnésium. On attend une décision des gouvernements québécois et canadien.
Kathleen Ruff, de RightOnCanada, souligne que ces haldes contiennent jusqu’à 40% d’amiante. « Maisons, écoles et bâtiments publics sont à proximité, présentant un risque sanitaire grave pour les travailleurs et la communauté. »
Elle rappelle que « les 17 directeurs de santé publique du Québec ont tous demandé au gouvernement fédéral d’inclure les déchets miniers d’amiante dans son règlement visant à interdire l’amiante.
Le gouvernement a rejeté leur demande, exempté les déchets miniers et investi 12 millions de dollars dans les projets. »
Les enjeux financiers du projet se chiffrent en milliards de dollars. Les lobbys industriels multiplient les pressions sur les pouvoirs publics.
Le lobby de l’amiante se garde bien d’engager un débat public sur l’évaluation scientifique et économique du projet. Il préfère « diffamer les opposants, en les présentant comme des ennemis travaillant secrètement pour des intérêts étrangers qui souhaitent détruire les moyens de subsistance des communautés locales. » Cette thématique complotiste cherche à exciter la colère des populations contre ces agents de l’étranger qui veulent détruire leur gagne-pain.
Kathleen Ruff dénonce « le rejet des preuves scientifiques et l’éviscération de la démocratie par des intérêts particuliers. » Elle appelle à se mobiliser contre ces pratiques destructrices : « Nos vies en dépendent. »
Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°66 (septembre 2021)