En mars 2021, la SAMA avait prévu d’envoyer plusieurs centaines de tonnes d’amiante par camions de la mine de Minaçu au Port de Santos, dans l’attente d’un départ pour l’Asie.
Cela se passait au Brésil, un pays où l’amiante est officiellement interdit depuis 3 ans par un arrêt de la Cour Suprême fédérale (STF).
Informée, l’Association brésilienne des exposés à l’amiante (Abrea) a alerté la presse et remué ciel et terre pour empêcher ce coup de force. à ce jour, cette cargaison est bloquée sur une aire de stockage du port par les autorités de surveillance sanitaire.
Mais, le même jour, 3400 tonnes de sacs d’amiante ont quitté le port sur un navire battant pavillon chinois en route vers l’Asie.
Fernanda Giannasi, ex-inspectrice du travail et fondatrice de l’Abrea, dénonce la veulerie et la corruption des autorités brésiliennes qui ont laissé le champ libre à la SAMA.
Basée à Minaçu, au nord de l’état de Goiás, la SAMA (du groupe Eternit) est la seule entreprise
produisant de l’amiante au Brésil.
L’Abrea a été informée par une source anonyme qu’elle allait organiser le 2 mars un transport par camions de plusieurs centaines de tonnes d’amiante, de la ville minière de Minaçu dans l’état de Goias jusqu’au port maritime de Santos dans l’état de São Paulo. Destination : l’Inde.
Ce transport était doublement illégal, car l’amiante est interdit dans l’état de São Paulo par une loi de 2007 et dans l’ensemble du Brésil par une décision de la Cour suprême fédérale en novembre 2017.
L’Abrea a sonné l’alarme
L’Abrea a informé les médias. Tous les détails de cette opération ont été publiés : le nom de la société de transport, le nombre de camions utilisés, la plaque minéralogique du premier camion du convoi...
L’Abrea a tiré toutes les sonnettes : la direction du port de Santos, le centre de surveillance sanitaire de São Paulo, le ministère du Travail et la police routière de São Paulo ont été avertis de l’arrivée de ce convoi.
Lorsque des marchandises arrivent au port par camion, elles sont d’abord stockées et contrôlées avant d’être mises en conteneurs, puis chargées sur un navire.
459 tonnes immobilisées
Ces 459 tonnes de sacs d’amiante ont donc été déchargés dans une aire de stockage du port. C’est là que la Vigilance Sanitaire - sur requête des procureurs du travail - a immobilisé cette cargaison dangereuse. et illégale. (voir les photos page suivante).
Que faire de ces sacs ? Les renvoyer à leur expéditeur ? Les confier à une décharge spécialisée dans le stockage des produits dangereux ? Et qui va payer ? Un juge devra trancher.
3400 tonnes d’amiante chargées sur un navire battant pavillon chinois
Ces 459 tonnes apportées par dix camions n’étaient pourtant que de la pointe de l’iceberg !
En menant son enquête l’Abrea eut la surprise d’apprendre que, le jour même de l’arrivée du convoi, une cargaison de 3 400 tonnes de sacs d’amiante en conteneurs avait quitté le port de Santos sur le navire Xin Su Zhou, battant pavillon chinois, avec la bénédiction des autorités portuaires !
L’action de l’Abrea a jeté un pavé dans la mare et mis au grand jour le trafic ignoble des marchands de mort.
Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°65 (avril 2021)