Ils réclament la délocalisation totale du collège
durant les travaux
Situé à deux pas de la déchetterie et de l’autoroute, le collège Versailles, délabré et amianté est un taudis scolaire dans un arrondissement très pauvre de Marseille : des préfabriqués vétustes qui prennent l’eau, des nids de rats dans la cour où l’on trouve des cadavres de pigeons...
Profs et parents réclamaient sa réhabilitation depuis 17 ans. Un budget de 24 millions d’euros a été voté. Les travaux devaient débuter le premier juillet et durer trois ans.
Reste une importante question : Où seront les élèves durant le chantier ?
En mars dernier, la présidente du conseil départemental a annoncé que les cours continueraient sur le site du collège, au milieu du chantier. Les enseignants et les parents refusent ce projet « pour des raisons pédagogiques, sanitaires et de sécurité » résumées dans une lettre au recteur.
Il y a le risque que des personnels et des élèves soient « exposés quotidiennement à une pollution des sols et de l’air (poussières, amiante, solvants) ».
« La présence d’engins de chantier dans l’enceinte du collège pose de graves questions de sécurité ».
530 collégiens s’entasseront dans une cour de récréation dont la surface sera réduite de 30% par les travaux. Ce qui « empêchera un temps de pause en commun » et nourrira des tensions dans un établissement déjà marqué par des violences.
« à la nuisance sonore constante de l’autoroute qui gêne l’écoute en classe s’ajoutera une pollution sonore inévitable et bien plus pénible. Ce bruit permanent rendra l’enseignement et les apprentissages impossibles. »
C’est pourquoi ils réclament « la délocalisation totale du collège durant toute la durée des travaux ». Et ils font une proposition concrète : le déménagement temporaire dans la caserne du Muy qui est désaffectée.
Ils ne sont pas entendus. S’engage alors une impressionnante série de mobilisations des enseignants, des parents et des élèves.
Le premier février des mères d’élèves se rassemblent devant le collège.
Fin février, le collège est bloqué durant 3 semaines.
Le 14 mars, une « marche de la colère » part du collège, s’arrête à la caserne Muy et se termine devant le conseil départemental.
Des rassemblements se succèdent devant la mairie où une délégation est reçue, le 15 mai.
Mois après mois, la mobilisation ne faiblit pas.
Le 26 juin, en pleine canicule, nouveau rassemblement par 35 degrés devant la préfecture.
Ceux qui descendent dans la rue savent que leur cause est juste. Leurs arguments sont solides. Ils ont tiré toutes les sonnettes : la direction de l’établissement, la mairie, le rectorat, le préfet. Ils restent sourds à leurs demandes et se renvoient la balle.
Le recteur minimise le danger. Selon lui, un diagnostic récent montre qu’il n’y a « pas de péril concernant l’amiante et le plomb ». Mais un spécialiste de l’Andeva consulté pointe les carences du diagnostic et confirme que garder les élèves sur le même site que ce chantier ? c’est prendre un risque inconsidéré.
La lutte continue.
« On veut juste que nos enfants suivent une scolarité normale sans mettre en péril leur santé et leur vie », explique Nadia Dhari, présidente de l’association des parents d’élèves.
Est-ce trop demander ?