« J’ai travaillé 22 ans chez Eternit Caronte au contact de l’amiante, explique Michel Salard. Zoé, mon épouse, lavait mes bleus. 29 ans après la fermeture, elle a eu un mésothéliome. »
« Il y avait des poussières d’amiante partout dans l’usine : quand on recoupait les plaques d’amiante-ciment cassées, quand on nettoyait les machines et les manches à air le samedi… Le système d’aspiration était insuffisant. »
Aujourd’hui les victimes sont nombreuses chez les salariés, mais aussi dans leur propre famille.
« Pendant des années les délégués du personnel et le comité hygiène et sécurité ont réclamé que nos bleus soient lavés par l’employeur, se souvient Michel. Il refusait en disant : « Eternit n’est pas une laverie »...
C’est donc mon épouse qui lavait les bleus couverts de poussières que je ramenais à la maison. Elle les secouait avant de les nettoyer. Elle a respiré des fibres d’amiante, jour après jour, mois après mois, année après année, pendant 19 ans. Aujourd’hui elle est touchée, et ce n’est pas la seule. Je connais trois épouses dont la maladie a été indemnisée. Il y en a d’autres. »
Le Fiva a engagé une action récursoire contre Eternit devant le Tribunal de grande instance d’Aix, invoquant l’article 1384 du Code civil. Un échange de pièces a eu lieu le 9 décembre. L’affaire suit son cours.
La faute inexcusable d’Eternit a été maintes fois reconnue, mais elle a réussi à échapper aux sanctions financières, en exploitant des négligences administratives de la caisse primaire de Sécurité sociale.
« Cette action récursoire engagée par le Fiva pour une victime environnementale est une première. J’espère qu’elle fera jurisprudence et qu’elle servira d’exemple à d’autres, dit Michel. Il faut que les patrons paient ».
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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°34 (janvier 2011)