Le 27 juin, 500 employés d’Amundi ont évacué leurs bureaux et se sont réinstallés dans des locaux provisoires en banlieue. Le seuil réglementaire de 5 fibres d’amiante par litre d’air avait été dépassé. Le préfet a ordonné une expertise, qui devrait durer quatre mois. Ils ne reviendront pas dans la tour avant que ses résultats ne soient connus.

500 salariés d’Amundi, une filiale du Crédit agricole, ont quitté leurs bureaux de la Tour Montparnasse pour s’installer provisoirement à Montigny-le-Bretonneux. dans les Yvelines, suite à un dépassement du seuil réglementaires de concentration de fibres d’amiante dans l’air. Ce déménagement d’urgence révélé par un article du Monde a fait grand bruit.
A l’origine, Amundi avait prévu de ne transférer qu’une partie du personnel. Après l’exercice du droit de retrait par une élue CGT au CHSCT, l’ensemble du personnel d’Amundi a finalement quitté la tour.
Au vu de premières mesures rassurantes, un retour dans la Tour était prévu fin août.
L’inspection du travail, la médecine du travail et la Caisse régionale d’assurance maladie d’Ile-de-France y étaient opposés, en l’absence de toute certitude sur source exacte de cette pollution.
Le préfet a publié le 13 août un arrêté demandant aux copropriétaires de la Tour de réaliser à leurs frais une expertise pour déterminer l’origine de la contamination et les mesures à prendre.
Le 23 août, sont tombés les résultats de nouvelles mesures d’empoussièrement réalisées le 16 août à la demande d’Amundi par un organisme indépendant   : ce jour-là, le seuil réglementaire a été une nouvelle fois dépassé !
Amundi a donc dû renoncer à réinstaller son personnel fin août dans la Tour.

Pourquoi cette contamination ?

L’origine des poussières d’amiante reste incertaine.
Selon le président du Conseil syndical, elle serait due à la présence d’un chantier de désamiantage des escaliers de secours.
Explication peu convaincante car les mesures du 16 août 2013 ont eu lieu en l’absence de travaux de désamiantage et fin 2012 des dépassements avaient déjà été constatés, alors que ce chantier n’existait pas encore. En fait cette contamination pourrait provenir des gaines d’aération et de désenfumage, problème bien plus difficile à résoudre.
L’arrêté du préfet subordonne la réintégration dans les locaux aux résultats de l’expertise et aux mesures de prévention qui en découleront.
Sage décision ! Mais pourquoi avoir accordé des extension de délais à des propriétaires qui en ont profité pour retarder des travaux coûteux ?
«   Le problème est connu depuis longtemps, estime Michel Parigot, On aurait dû faire les travaux depuis quinze ans. Si la décision d’évacuer avait été prise dès le début, les travaux auraient pu être terminés en trois ans.   »
Pour les occupants, cette évacuation inattendue aura eu au moins le mérite de crédibiliser le problème de l’amiante dans la Tour, sur lequel régnaient omerta et déni. Les lanceurs d’alerte «   anti-amiante   » ne sont pas nombreux à la Tour, mais on les écoute davantage. Ils sont résolus à aller jusqu’au bout.


LA TOUR

Construite de 1969 à 1973, haute de 210 mètres, elle a 58 étages (de 1700 mètres carrés chacun), et 6 niveaux souterrains. Elle héberge 93 copropriétaires. 5000 personnes y travaillent. Un million de personnes la visitent chaque année.

L’AMIANTE

Réalisé en 2005, le dossier technique amiante (DTA) de la Tour remplit 4 armoires   ! L’amiante est présent en masse à divers étages. Son éradication totale avait été annoncée pour 2011. Les propriétaires ont fait traîner les travaux. Le gouvernement leur a accordé de nouvelles dérogations. En 2013 des salariés y respirent encore de l’amiante.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°43 (septembre 2013)