200 000 tonnes d’amiante non lié, 20 millions de tonnes de Fibrociment. Voilà le lourd héritage que les pouvoirs publics doivent gérer seize ans après l’interdiction de 1997.
Un matériau très dangereux disséminé dans les maisons, les éco­les les immeubles, les les hôpitaux et les équipements les plus divers...
Le Fibrociment c’est 99% du total ; un matériau qui se dégrade en libérant, au fil du temps, des fibres cancérogènes.
Un défi pour des collectivités locales qui se sentent désarmées face à l’ampleur du problème.
Pour affronter cette situation, l’impulsion doit venir d’en haut, avec une volonté politique forte d’un gouvernement, capable d’anticiper et d’inscrire cette action dans la durée.
L’Andeva défend l’idée d’un plan national d’éradication de l’amiante, comme il y a un « plan cancer ».

Améliorer la gestion des déchets d’amiante est aujourd’hui une urgence

Un ensemble de textes complet et précis règle les procédures à respecter pour gérer les déchets contenant de l’amiante. Mais, sur le terrain, les difficultés s’accumulent pour les particuliers qui veulent se débarrasser d’objets ou de matériaux amiantés.

Une situation alarmante

- la répartition des déchetteries acceptant les dépôts d’amiante-ciment est très inégale selon les régions. L’arrêté du 12 mars 2012 encadrant le fonctionnement des installations de stockage de déchets amiante lié a eu pour conséquence la fermeture de l’accès à certains sites pour le dépôt de matériaux contenant de l’amiante ;
- l’information donnée aux particuliers sur les moyens de se débarrasser en toute sécurité des matériaux contenant de l’amiante est souvent obsolète ou absente
- il n’y a pratiquement pas de collecte à domicile des déchets amiantés ;
- Le dépôt des petits objets contenant de l’amiante en déchetterie se fait souvent dans des conditions dangereuses pour les particuliers et le personnel.
- De ce fait, les déchets d’amiante de petite taille sont trop souvent jetés par les particuliers avec les ordures ménagères sans les précautions qui s’imposent.
- Les déchets plus importants, notamment les plaques de toitures en fibrociment, font souvent l’objet de dépôts sauvages.
On ne parviendra pas à redresser une telle situation, uniquement par des mesures locales.

L’impulsion doit venir d’en haut

L’élimination des déchets doit être un chapitre d’un plan national d’éradication de l’amiante.
Il permettrait de résorber les disparités régionales, d’unifier et de sécuriser les pratiques, de fixer des objectifs dont les associations pourrait contrôler la réalisation. Il pourrait être décliné, département par département, sous l’autorité des préfets et des institutions régionales.

Propositions pour avancer

Nous ne partons pas de rien. Dans plusieurs villes, des collectes régulières et une information des usagers ont été mises en place sur demande des associations. Il faut faire connaître et généraliser ces expériences.
Dans chaque région, doivent exister des sites de proximité capables d’accueillir des déchets d’amiante en toute sécurité. ll faut créer de nouvelles installations pour satisfaire les besoins.
Pour les petits objets contenant de l’amiante (revêtement de table à repasser, panneau isolant derrière un radiateur, gants de protection, fragments de tuyaux d’évacuation), une collecte périodique gratuite doit s’organiser. Avec information en mairie et sur Internet, consignes de sécurité et mise à disposition d’emballages adaptés avec un autocollant identifiant l’amiante.
Pour éliminer les matériaux plus importants contenant de l’amiante, les pouvoirs publics doivent inciter les particuliers à faire effectuer les travaux de retrait et mise en décharge par des professionnels. Avec information et aide financière, par la prise en charge d’une part importante du coût de ces deux opérations.
Ces prestations de service par des sociétés compétentes doivent être développées au niveau départemental.
Les industriels producteurs d’amiante-ciment doivent être mis à contribution pour les frais de collecte et de mise en décharge.
Le Préfet, en charge de la santé publique et de l’environnement devrait être le garant de la mise en oeuvre effective du plan dans le département.

Belgique :
Un centre clandestin pour trier des déchets dangereux

En juillet, dans les hangars abandonnés de l’usine British Leyland à Seneffe, le parquet de Charleroi a découvert un centre clandestin où s’entassaient des centaines de tonnes de déchets dangereux. Trois ouvriers roumains y triaient et cassaient de l’amiante à mains nues, sans masque. Ce centre, géré illégalement par la société Mondial containers, a été mis sous scellés. Deux buldozers et une voiture qui acheminait les travailleurs matin et soir ont été saisis.

Protéger les personnels et les usagers

Les mesures de prévention à respecter sont résumées dans le «  Guide de prévention lors du traitement des déchets  » paru récemment. Il est téléchargeable sur Internet.
(INRS - ED 6028 mars 2013)


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°43 (septembre 2013)