La société Eternit France a vu le jour dans la commune de Prouvy-Thiant en 1922, sous la houlette de Joseph Cuvelier, grand père de l’homonyme actuellement mis en examen dans le dossier pénal Eternit en France. Ce n’était pas alors une filiale du groupe Etex. Le siège national de l’entreprise est resté ici jusque dans les années 90, avant d’être déplacé à Vernouillet, en région parisienne.

Eternit faisait vivre une commune entière

Dans sa période de plus forte activité (les années 60 et 70), on comptait ici près de 2400 employés. Le type même de l’entreprise qui fait vivre une commune entière.
Autour, dans les foyers, on n’avait pas encore conscience du prix qu’il faudrait payer pour cette providentielle manne d’emplois.
L’amiante était apporté par péniche, puis aspirée par soufflerie avant d’être emportée dans les ateliers. On y fabriquait des plaques de fibrociment, des tuyaux de gouttières ou des joints.
Une fois terminés, sans même avoir été dépoussiérés, les produits étaient chargés à bord de camions. Puis ceux-ci, repartaient en traversant la commune, dispersant la poussière mortelle au milieu des habitations.

Partout des victimes du travail et de l’environnement

Ici, de 12 à 25 décès par an sont attribués à l’amiante. Au début, ce furent les employés et anciens employés d’Eternit ; plus tard les victimes environnementales sont apparues.
Comme à Casale Monferrato en Italie, les conséquences d’une diffusion locale « généreuse » du matériau, ont eu des effets ravageurs sur la population environnante.

Les maisons «  Castors  » ont des murs d’amiante

Des effets qui n’ont d’ailleurs pas fini de se faire sentir : il suffit de se promener dans les rues pour y trouver nombre de ces maisons « castors » aux murs faits d’amiante.
Certaines sont encore habitées aujourd’hui, ou utilisées à des fins professionnelles, parfois même médicales !
Aujourd’hui, sur le site, des centaines de plaques de fibrociment dégradées tapissent encore de haut en bas ses gigantesques parois grises.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°43 (septembre 2013)